C’est la start-up Predictice qui a remporté le concours de pitchs dédié à l’intelligence artificielle du quatrième sommet des start-up Challenges, mercredi 27 mars. "Predictice cherche à simplifier la recherche et l’analyse de l’information juridique", a expliqué Louis Larret-Chahine, juriste de formation et cofondateur en 2016 de cette pépite de la "legaltech" avec le juriste Alexandre Chéronnet et l’ingénieur informaticien Thomas Baduel. "Nous avons cherché à répondre à la problématique de l’explosion des documents et décisions juridiques, de plus en plus difficiles à connaître et à comprendre à cause de l’augmentation des infos produites en interne par les cabinets. Il y a 4,3 millions de décisions juridiques prises par an !", s’est-il exclamé, en empathie avec les professionnels du droit.
Ainsi, Predictice a conçu des algorithmes de traitement automatique du langage naturel qui permettent de lire 2 millions de documents par seconde et de trier les informations. Utile depuis que l’ensemble des décisions juridiques a été rendu accessible en open data. Premier atout, ce moteur de recherche sélectionne les bases de données pertinentes en fonction du sens dans lequel l’avocat a envie de plaider ; les documents qui infirment sa décision seront donc exclus du pré-tri. L’algorithme de Predictice est aussi "un outil de datavisualisation du contentieux". L’autre atout est de fournir aux professionnels du droit les plus grandes chances de succès. Par exemple, un rapport qui peut servir de base à une négociation pour éviter d’aller jusqu’au procès.
Déjà 2.000 utilisateurs et 1% du marché
Louis Larret-Chahine estime que le marché des "legaltech" représente un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel et qu’il est "trusté par des entreprises multiséculaires comme Dalloz". Il se veut conquérant : le coût d’acquisition de clients est très bas et Predictice "a réussi à prendre 1% du marché depuis septembre 2018. On s’est fixé comme objectif d’en prendre 6%". La solution est proposée par abonnement à 180 euros par mois et par utilisateur, avec une dégressivité pour les gros cabinets. Il compte déjà plus de 2.000 utilisateurs dont des cabinets prestigieux comme August Debouzy, Clifford Chance et Linklaters. Il s’attaque même aux petits cabinets, dans une ville moyenne comme Poitiers, il compte déjà 21 clients. Predictice cherche donc à lever 2 millions d’euros pour se développer. "Donc s’il y a des intéressés dans la salle, venez nous rencontrer… ", a-t-il glissé en conclusion. Ces débuts prometteurs ont su convaincre le jury de Challenges.
Un bon niveau de compétition
L’autre start-up qui a retenu l’attention du jury est Lili.AI, lancée par Milie Taing, diplômée de l’EM Lyon de 31 ans. Cette start-up a développé un algorithme qui propose une assistance à la réalisation de grands projets et travaux en récoltant toutes les informations nécessaires dans les documents des entreprises, des power points aux e-mails. Cela permet de gagner du temps, d’analyser le processus ou de régler des contentieux.
Quatre autres start-up de l’IA, sélectionnées dans le classement Challenges des "100 start-up où investir", ont pitché devant le jury : la civic tech Fluicity, les spécialistes du pricing Brennus Analytics et Blue DME, et l’assistant des conseillers clientèles Hubware.